Bonjour à toutes et à tous,
Après de longs mois d'absence, des aléas de la vie et un manque d'inspiration, ArchéoByArnaud a le plaisir de faire son retour cet été pour partager
avec vous ses sorties. Avec la crise sanitaire du covid-19 qui marquera sans doute l'histoire, c'est des sorties et des enquêtes que j'ai effectué l'été dernier mais que malheureusement je n'ai pas traité ici ; et qui sait avec l'assouplissement des mesures, peut-être que d'autres sorties vous seront présentées ? En attendant voici l'article du jour : Le Grand Blockhaus de Batz-sur-Mer !
Souvenez-vous que l'été dernier, j'ai voulu parcourir les traces du Mur de l'Atlantique, en Vendée et dans ses alentours, après avoir visité le blockhaus hôpital des Sables d'Olonne, un autre site a attiré mon attention : le Grand Blockhaus de Batz-sur-Mer ! Ici je vais d'abord vous faire un historique du blockhaus ; vous parler de quelques évènements clés de l'histoire locale et pour finir par le portrait d'un homme que j'ai eu la chance de rencontrer ce jour là !
Le Grand Blockhaus porte bien son nom ; sa structure différente de celui des Sables d'Olonne, s'impose devant nos yeux dès notre arrivée. En effet, cela s'explique par le fait que ce blockhaus est prévu à d'autres fins que celui évoqué précédemment, ici nous sommes sur un poste de direction de tir (ou PDT) de type S 414 construit entre le 22 octobre 1942 et le 8 février 1943. Ce blockhaus permet de diriger les tirs de canons de Batz-sur-Mer et de surveiller le trafic maritime entre Belle-Ile-en-Mer et Noirmoutier. Par son imposante structure, et donc, sa forte visibilité, il est camouflé en villa ; comme on peut le voir sur une des maquettes du musée et sur les rares traces de "fenêtres" factices encore présentes sur l'édifice.
Le blockhaus est certes une infrastructure militaire mais aussi un lieu de vie pour les soldats; de nombreuses pièces sont aménagées pour leur confort avec du lambris parfois dans certaines pièces des toilettes et des lavabos avec l'eau courante, rare à l'époque, une infirmerie et des réserves de nourriture et d'eau en cas d'attaque ; bref le blockhaus pouvait être autonome et vivre en autarcie.
Mais si le blockhaus est un poste de direction de tir, on tire avec quoi ? et contre qui ? En juillet 1940, un mois après la défaite, le 280e bataillon de Marine allemande s'installe au port de Saint-Nazaire pour le défendre de toutes attaques britannique venues de la mer et de l'océan ; en 1941 on rajoute 2 batteries supplémentaires en plus des trois déjà existantes dont une à Batz-sur-Mer. Ces deux batteries sont composées de deux canons de calibre de 240 mm de la marine française montées sur voie ferrée, livrées aux Allemands suite aux clauses de l'armistice. La batterie de Batz-sur-Mer doit combattre tous navires voulant soutenir un éventuel débarquement sur la Baule ; le canon est retranché à 500 mètres à l'intérieur des terres, ce qui le rend invisible aux yeux des bateaux en cas de duel !
Eté 1944, tout bascule pour le côte ouest ! le 6 juin 1944, les alliés débarquent sur les plages normandes lors de l'opération Overlord ; puis au mois d'août c'est l'avancée inexorable de la 3e Armée du Général Patton vers la Bretagne puis la mi-août c'est le début d'un long combat : la poche de Saint-Nazaire est crée et cela va durer jusqu'à la fin de la guerre le 11 mai 1945 ! Ainsi la Poche sera le dernier territoire français à être libéré ; mais on y reviendra plus tard.
Alors que l'étau se resserre sur les troupes allemandes coincées dans la poche de Saint-Nazaire et l'armée de Patton ; les canons sur voies ferrées qui étaient censés protéger d'un éventuel danger venant de la mer sont retournés vers la terre; cela est possible car les voies ferrées de la Poche sont intacts ! le canon s'est replié sur le tunnel de Pontchâteau et il peut tirer depuis la gare de Savenay où il sera retrouvé lors de la Libération ; il aura alors bombardées les lignes françaises et américaines jusqu'au 6 mai 1945 ; le blockhaus est pris, intact, le 11 mai 1945.
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Signature de la capitulation de près de 24 000 soldats allemands présent dans la Poche de Saint-Nazaire, à Cordemais, le 8 mai 1945 |
Voilà les grandes lignes de l'histoire locale de la Baule et du blockhaus de 1940 jusqu'en 1945 ! Dans cette histoire, j'aimerai revenir plus particulièrement sur le parcours d'un homme que j'ai eu la chance et l'honneur de rencontrer et avec qui j'ai pu discuter brièvement, intimidé de l'embêter avec mes questions : Portrait d'un homme, Maurice Moreau.
C'est un homme d'un âge avancé qui attend vers le comptoir de l'accueil, au début je l'ignore, ne prétend pas attention et découvrant les premières pièces du musée, puis survient un panneau "Maurice Moreau, le libérateur de la Baule !" et là une des photos de cet homme, je le reconnais ! Surpris je lis, le photographie et garde dans un coin de la tête que j'essayerai si je peux, de le rencontrer à la fin de ma visite car il y a beaucoup de monde.
"Maurice Moreau est né le 18 mai 1924. A l'âge de 18 ans, il quitte Nantes et tente de rejoindre le général De Gaulle en Angleterre, en passant par l'Espagne, mais il est arrêté à Mont-de-Marsan par la gendarmerie allemande. Mis en prison, il est libéré 3 semaines plus tard par la Gendarmerie française.
Revenu à Nantes, en septembre 1943, il est volontaire pour déblayer les décombres et les morts de l'hôpital de l'Hôtel Dieu qui a été bombardé par les Alliés. Il échappera de justesse à la mort lors de ces bombardements puis s'engagera dans les FFI qui encerclent la Poche de Saint-Nazaire.
Le 11 mai 1945, son unité de Police Militaire est la première à libérer la Poche ! Ebéniste à Nantes après la guerre, Maurice prend sa retraire à la Baule. Il vient tous les jours au musée pour témoigner…"
(Extrait du panneau sur le portrait de Maurice Moreau - Musée du Grand Blockhaus)
Après ma visite du musée, je viens vers cet homme et lui pose tout simplement une question : "Excusez- moi, de vous dérangez mais puis-je vous parler ?" et d'un sourire il m'a raconté sa vie d'aujourd'hui, ses problèmes de mémoire "Pour venir ici (au musée) je note mes horaires sur ma main pour pas oublier" et ses horreurs de la guerre, en toute simplicité, cette rencontre brève m'a marqué ! Merci Maurice!
J'espèce que cet article vous aura plu on se retrouve bientôt pour d'autres aventures !
Salve !
Historique du site : https://www.grand-blockhaus.com/le-grand-blockhaus
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