Bonjour à toutes et à tous,
On l’attendait depuis longtemps et le voici enfin, le retour du soleil ! Et ça fait du bien au moral de retrouver ces quelques rayons de chaleur après ces journées à hiberner dans un plaid avec un thé et un livre ; qui dit soleil, dit "retour des sorties culturelles" et ça, ça fait plaisir ! Surtout que c'est le premier article 2019 pour ArchéoByArnaud ; et pour fêter ça je vous emmène à Lyon !
Ce n'est pas la première fois que je vais à Lyon, mais le week-end dernier j'ai fais 3 visites en deux jours qui tournaient autour de deux périodes principales : l'Antiquité et la Seconde Guerre Mondiale ; pour ce premier article je vais vous parler de l'Occupation, de la Jeunesse et de Lyon entre 1940 et 1945 !
Je dois en partie cette idée de sortie à ma chère collègue et amie blogueuse Savoir d'Histoire qui a écrit deux articles sur une exposition intitulée "Génération 40" ; de ce fait je me suis dit "Cette exposition, je dois la faire !" ; Alors Priscille, si tu me lis, MERCI !
C'est dans le Centre Historique de la Résistance et de la Déportation (CHRD) de Lyon que s'est donc tenue l'exposition "Génération 40"
Mais avant de vous montrer tout cela, il faut faire un point sur l'historique de l'édifice qui accueille l'actuel musée-mémorial :
> 1889 : Lyon accueille l'Ecole du Service de Santé Militaire (ESSM) pour remplacée celle de Strasbourg déménagée à Nancy suite au conflit de 1870.
> 1940 : Au lendemain de la Grande Guerre, les étudiants reprennent les cours jusqu'à la déclaration de guerre du 3 septembre 1939 ; de ce fait les "Santards" sont répartis dans les ambulances de terrain avant de subir les six semaines de la Bataille de France. L'ESSM devient un parc d'artillerie pour l'armée allemande, n'étant pas concernée par l’Armistice, elle perd son statut militaire mais reste une école de santé qui rouvre ses portes le 7 juillet 1940. Cependant, les Santards doivent partager leur école avec les élèves polytechniciens qui se sont repliés sur Lyon ; parmi eux, il y a les futures figures de la résistance lyonnaise comme André Bollier (promotion 1938) ou encore Serge Ravanel (promotion 1939).
> 1942 : En novembre 1942 ; alors que la Zone libre est occupée, Lyon également pour la seconde fois, les ailes Larrey et Percy du bâtiment sont investies par le service de felpost de l'armée allemande.
> 1943 : L'école, par ses dimensions et sa situation, est réquisitionnée intégralement par l'armée allemande, les Santards doivent alors repartir et laisser place au service du Sipo-SD, chargé de la police et du renseignement, dont la section IV, celle de la Gestapo, avec à sa tête Klaus Barbie, va sceller le destin de l'école.
> La Gestapo est chargée de la lutte contre les résistants et de la traque des populations juives. L'ESSM devient ainsi le centre d'interrogatoire de ces résistants et juifs arrêtés et incarcérés dans la prison de Montluc. Les caves du bâtiment Larrey deviennent ainsi des cellules pour les prisonniers qui vont être torturés et parfois exécutés sommairement dans les locaux des étages supérieurs par la Gestapo. L'un des résistants les plus célèbres ayant effectué un passage par Montluc et l'ESSM/Gestapo est Jean Moulin. Arrêté le 21 juin 1943 à Caluire lors d'une réunion clandestine, il est enfermé à Montluc et torturé pendant plusieurs jours jusqu'au 26 juin 1943 par la Gestapo avant d'être transféré en Allemagne où il meurt le 8 juillet durant le trajet, probablement des suites de ces blessures reçues pendant les interrogatoires.
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Portrait de Klaus Barbie |
> 1944 : La France devient une cible prioritaire pour les Alliés, ainsi de nombreux raids aériens sont lancés sur des cibles stratégiques qui pourraient nuire à l'armée allemande : point stratégique, gares, ponts et voies ferrées etc... C'est près de 1 200 bombardements qui frappent près d'un milliers de localités dont Saint-Etienne et Lyon le 26 mai 1944. Malheureusement, ces bombardements se révéleront partiellement efficaces, les populations civiles seront plus touchées que les cibles stratégiques ; à Lyon, dans le quartier Jean Macé, les 247 tonnes de bombes de 250 kg, font 1846 victimes dont 717 morts et plus de milles immeubles sinistrés. La façade de l'Ecole du Service de Santé militaire est totalement détruite ; des prisonniers juifs sont réquisitionnés pour récupérer les corps des Allemands dans les débris. La Gestapo, quant elle, est contrainte de déménager au 32 de la place Bellecour pour poursuivre sa "sinistre besogne" jusqu'au 3 septembre 1944 lors de la libération de Lyon.
> 1965 : Création du premier musée de la Résistance pour pérenniser le "souvenir des sombres années de l'Occupation" selon le résistant Guy Dufeu. Cette initiative prend place dans les célébrations du 20e anniversaire de la Libération, notamment dans les villes du sud de la France, portées par des résistants et déportés pour sauvegarder une trace de l'Histoire, de leurs histoires. A Lyon le projet est mené par des résistants de l'intérieur (FFI) et des combattants de la France Libre avec le soutient du maire Louis Pradel, ancien du "Coq enchaîné" et du réseau "Buckmaster". Ainsi le musée reflète le parcours des résistants et déportés politiques, mais peu sur la déportation des Juifs.
> 1987 et 1994 : Les procès de Klaus Barbie (1987) et de Paul Touvier (1994) à Lyon ont eu un rôle décisif dans la question du Crime contre l'humanité. Le 11 mai 1987, Klaus Barbie est inculpé pour des faits commis entre 1942 et 1944, comme chef de la Gestapo de Lyon, notamment pour la rafle 9 février 1943 dans les locaux de l'Union générale des Israélites de France, celle conduite à Izieu le 6 avril 1944, les nombreux sévices commis sur les résistants et les juifs avant leurs déportations. Près de 600 personnes sont déportées pour le dernier convoi parti de Lyon le 11 août 1944. Ce procès au retentissement historique, ouvre une autre page de l'Histoire de l'Occupation qui va prendre place dans la nouvelle muséographie du Centre Historique de la Résistance et de la Déportation.
> 1992 : Le procès Barbie "relance la mémoire collective des Lyonnais" et précipite la nécessité d'un nouveau musée sur la Seconde Guerre Mondiale, de ce fait l'ESSM, l'ancien siège principal de la Gestapo, semble être l'endroit idéal pour accueillir les collections du premier musée. Une grande place est faite aux témoins comme "passeurs de mémoire" auprès du public ; entre témoignages et "objets-témoins".
Parmi ces témoignages et il y a ceux de la jeunesse, celle de la "Génération 40" qui sont présentés au travers de l’exposition temporaire qui se tient jusqu'au 26 mai 2019.
L'exposition se découpe en quatre grandes parties :
> 1940 : L'avancée des Allemands et le début de l'Exode vers le sud de la France.
> La jeunesse sous le régime de Vichy
> L'engagement dans la Résistance
> Répression et déportations des jeunes
Cette exposition m'a tellement touchée par ces témoignages directs, que ce soit par les écrits ou les objets de ce passé pas si lointain et chargé d'émotions que j'ai décidé de vous partager dans un second article, l'ensemble de mes photos pour vous immerger dans cette période douloureuse de l'Histoire.
A bientôt !
Salve !
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