ArchéobyArnaud: Sortie : De l'archéologie, des Celtes et des Eduens pour les Journées Européennes du Patrimoine 2018

Bonjour à toutes et à tous,

Après trois mois d'absence votre serviteur est de retour ! Il faut dire que cet été a été très chargé car je devais m'occuper de mon mémoire, du moins de sa première partie, et un mémoire, c'est comme un bébé, il faut le nourrir et faire attention !

C'est avec plaisir que je reviens sur le blog pour vous parler de ma sortie pour les Journées Européenne du Patrimoine (JEP) qui ont eu lieu le week-end dernier (15 et 16 septembre). Pour cette 35e édition la thématique était "L'art du partage" et je n'ai pas eu à me déplacer bien loin pour trouver une sortie archéologique !

Alors que le musée gallo-romain de Lugdunum (Lyon) a misé sur la gastronomie et la gourmandise pour répondre au thème de l'édition 2018, j'ai choisi un site archéologique à quelques minutes de chez moi ! L'art du partage et un site archéologique ? Quel rapport ? Le partage des connaissances avec le public ! La véritable raison d'être de ces JEP !

C'est à Saint-Marcel en Saône-et-Loire qu'une opération archéologique a été prescrite par la DRAC de Bourgogne Franche-Comté entre le 23 avril et le 12 octobre 2018, dans le cadre des travaux de réaménagement de la RCEA, pour l'installation d'une zone compensatoire écologique. L'investigation archéologique a été menée par l'entreprise ARCHEODUNUM, la même société qui a mis au jour le quartier de Sainte-Colombe à Vienne dans le Rhône qui fût une énorme découverte puisque le site a livré de nombreuses mosaïques sublimes (RIP mon objectivité) et une lorica segmentata (armure romaine)! (n'hésitez pas à chercher des photos !)

Crédit photo : Sciences et Avenir

Le site s'étend sur pas moins de 43 600 m² et a été occupé entre la fin de l'âge du Bronze jusqu'au début de l'époque gallo-romaine (soit du XIVe siècle au Ier siècle av. J.-C.) La majeure partie des structures proviennent d'un important établissement rural gaulois de la fin du second âge du Fer. Mais avant de s'attarder sur cette période, faisons un bref historique du site (dans l'attente des analyses des archéologues lors de la clôture et de l'étude du dossier !)

Pour le Bronze final, on a retrouvé plusieurs bâtiments avec palissades, signalés par des trous de poteaux, des fosses et des restes de deux vases silos semi-enterrés qui permettaient de stocker des céréales ; ce vestige indique probablement un habitat relativement étendu.

Vase silo semi-entérré

Le site perdure entre le milieu du premier et le début du second âge du Fer, c'est à cette période que se développe un habitat ouvert avec la présence de grandes fosses polylobées. Ces fosses irrégulières permettent l'extraction d'argile pour le torchis des habitats et la fabrication de nombreuses céramiques. Par la suite, ces fosses ont été comblées par des déchets, de façon ponctuelle, comme des vases brisés, des ossements d'animaux etc.

Fosses polylobées

C'est à partir du IIe siècle av. J.-C. que des Eduens installent un établissement rural qui va perdurer jusqu'à la fin du milieu du Ier siècle av. J.-C. Le site se développe non loin de Cabillonum, l'actuel Chalon-sur-Saône, qui était alors un des principaux ports du territoire des Eduens ! C'est alors ici que se développe un carrefour commercial et artisanal important à la croisée d'itinéraires importants.

L'établissement rural semble être une ferme qui s'organise autour d'un vaste enclos de 75 mètres de côté qui a une emprise bien plus vaste que le chantier de fouille actuel. Cet enclos est séparé du reste du site par un fossé, à l'origine associé à un talus, il est subdivisé en deux par une palissade, qui abrite plusieurs bâtiments sur poteaux porteurs, des fosses et trois puits. les restes, retrouvés dans des fosses et des structures, de fragments d'amphores à vin importé d'Italie, ornements et parures sont représentatifs d'un statut privilégié d'une partie des occupants des lieux.

Fosse indiquant l'emprise de la palissade de la ferme.

Puit (en coupe).

Mais l'occupation des lieux ne se limite pas à la seule ferme et son enclos, elle s'étend du sud à l'ouest sur près de 20 000m², jusqu'à un grand fossé qui traverse l'emprise des fouilles et qui longe la Saône sur un axe NO-SE. Ce fossé mesurait 7,5 m de large et était accompagné d'une levée de terre tout le long du parcours. Selon les premières données récoltées, le fossé serait contemporain de l'habitat gaulois, il pourrait avoir délimité un aménagement monumental, en lien soit avec l'établissement rural soit avec le port protohistorique de Cabillonum.

Cependant, l'état des données et des recherches actuelles ne sont que partielles, les JEP ont permis de donner un avant-goût du potentiel archéologique que le site pourra à l'avenir offrir, il faut pour cela attendre que les fouilles se terminent en octobre et que de nombreux chercheurs planchent sur les données ! Une chose est sûre, le site de Saint-Marcel n'a pas fini de faire parler de lui !